Histoire

Les Duranton : 4 générations de musiciens

Jean Duranton et Edmond Simonet

Il est des dons qui se transmettent de père en fils et c’est ainsi que dans la famille Duranton se sont succédé quatre générations de musiciens et sans doute davantage si l’on remontait le temps. Cette famille a été très liée à Pionnat. Elle n’en est cependant pas originaire, venant de l’Allier.

De son mariage avec Marie Poirier, Fiacre Duranton, joueur de vielle, eut un fils Antoine, né dans la commune d’Audes le 14 juin 1837. Or on trouve cet Antoine sabotier à Pouzeau, commune de Clugnat en 1867, quand il se marie à Ladapeyre avec Françoise Tallot, marchande au bourg. Jean Duranton, leur fils, né en 1868, se marie à Pionnat en 1893 avec Marie-Rose Basset, du bourg. Solide gaillard de 110 kg, il est sabotier, mais joue du saxo soprano en ut, de la clarinette en mi et surtout de la cornemuse. Une photo nous le montre en compagnie d’un enfant jouant de l’accordéon, probablement Edmond Simonet.

Le couple a quatre enfants, dont une fille, Marie, et trois garçons, Alphonse, Jean et Adrien, tous les trois musiciens, jouant dans les bals et lors des mariages. Dans les années 1920, avec leur père, ils font faire aménager un parquet démontable remorqué par un camion Berliet et animent les fêtes de la Creuse, leur mère tenant les entrées. Cependant, après son mariage, Alphonse se retire pour exploiter une propriété à Ponty, commune de Saint-Dizier-la-Tour. Il continue cependant à jouer du saxo ténor dans les bals. Jean et Adrien, dit Didou, auront ensuite chacun leur parquet, celui de Didou tiré par un camion Renault de 1914 transformé. Dans les années 1930, Adrien vit dans la Corrèze, louant l’hiver un café restaurant dancing. Il est notamment le partenaire de Jean Ségurel. Il invente la formule du « disco mobile » : au saxo, il accompagne des enregistrements sur 78 tours. La guerre le fait revenir à Pionnat. Le parquet est réquisitionné à Guéret pendant toute la durée du conflit. Au début des années 1950, ce parquet, on pouvait encore le voir, avec ses pneus pleins, stationné près de « la Pêcherie », face au cimetière, mais pas de photo ! Un jour, le fils d’Adrien, Guy, né à Tulle en 1933, et qui a donc fréquenté l’école de Pionnat, reçoit en cadeau de sa tante un petit accordéon. En l’écoutant jouer La romance de Paris, son père pleure. Guy suit quelque temps à Paris les cours de Paul Saive et joue son premier bal à La Chabanne, sa première noce avec son père au saxo en 1948 (mariage Aucordonnier-Giza). Entre les bals et les noces Didou a repris son métier de sabotier.

En Allemagne

La famille quitte Pionnat pour Bornet, commune de Bord Saint-Georges au début des années 1960. Didou entreprend alors une nouvelle carrière : celle de vielleux, avec l’instrument de son grand-père. Il mène alors une vie de baladin, revenant l’hiver dans la Creuse. Son fils le rejoint. En 1963, par exemple, ils sont en Allemagne : « Adrien et Guy Duranton. Vendredi 26 avril, en matinée dans notre buvette, l’après-midi et en soirée dans notre jardin, Monsieur Duranton joue avec une vielle du 18e siècle dont il n’existe qu’un seul exemplaire ».

Plus tard, Guy, qui vit alors à Parsac, continue à jouer dans la Creuse, dans le Puy-de-Dôme aussi avec son oncle Jean. Il écrit quelques compositions, comme Valse d’antan, L’ami Dédé, Douce ivresse… Il enregistre des 45 tours, dont l’un avec son père en 1992 (à écouter sur https://la biaça.org). Surtout, de 1969 à 1998, il va donner dans différentes localités de la Creuse des cours d’accordéon et plusieurs de ses élèves obtiendront des prix importants. Aujourd’hui, il accompagne la chorale Si n’Chantavan, émanation du club de patois Si n’Causavan.

Daniel Dayen

Avec un grand merci à Guy Duranton pour l’évocation de ses souvenirs et pour les photos.